France-Soir
francesoir.frsurnommé la "drogue du violeur"
© FLORIAN DAVID / AFP/Archives
En 2024, la France a identifié la présence du nitazène, opioïde de synthèse 40 fois plus puissant que le fentanyl, sur son territoire. Transporté depuis l'Asie, vendu sur les réseaux sociaux, il contourne les dépistages classiques et expose les usagers à des overdoses fulgurantes.
C'est le cousin surpuissant du fentanyl. Le nitazène se glisse incognito dans les poudres et pilules circulant en France. Invisible aux tests standards, il promet un voyage express vers l'overdose.
Selon l'Agence nationale de sécurité du médicament, ce dérivé des benzimidazoles voyage discrètement depuis l'Asie, souvent caché dans des cargaisons anodines avant d'être écoulé sur des canaux numériques. Sous forme de poudre, de spray ou de comprimé, il est parfois mêlé à l'héroïne ou la cocaïne, à l'insu des consommateurs. L'Agence européenne des drogues (EUDA) constate que les réseaux sociaux sont devenus un terrain privilégié pour sa diffusion, un espace où l'anonymat et la rapidité font office de passeports.
Avec une puissance quarante fois supérieure à celle du fentanyl, comme le rapporte Science et Vie, chaque milligramme est une mine à retardement. En Irlande, en 2023, plusieurs décès à Dublin ont révélé que des lots d'héroïne contenaient en réalité du nitazène. En France, deux morts ont déjà été attribuées à la molécule, notamment à Montpellier et à La Réunion, selon l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives. Mais ces chiffres sont probablement sous-estimés, la toxicologie classique échouant souvent à repérer ce tueur discret.
Depuis juillet 2024, la France a classé le nitazène parmi les stupéfiants, mais la réponse européenne reste fragmentée : huit pays ont signalé des saisies en 2023 sans action commune immédiate. Pendant ce temps, la molécule se glisse dans la polyconsommation, où l'alcool ou les benzodiazépines décuplent les risques de dépression respiratoire. La naloxone, antidote des opioïdes, doit être administrée en doses répétées pour espérer inverser la spirale.